J’ai beaucoup réfléchi sur ce que signifie l’engagement. Pas seulement dans les équipes de travail, en entreprise, mais également dans la vie, dans nos communautés.
Une collègue mentor me disait récemment qu’elle ne croit pas que l’engagement puisse se vivre sans contrainte. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette prémisse, dans le sens que si on croit fortement en quelque chose, on a le goût de s’impliquer.
Par contre, je crois que l’engagement a besoin de se nourrir de différentes choses pour être maintenu dans le temps. Autrement dit, cela ne vient pas par magie et ne repose pas seulement sur la bonne volonté.
Premièrement, qui dit engagement dit responsabilité, car l’engagement se vit rarement en vase, clos. Cela implique d’autres individus engagés à différents niveaux autour d’un ensemble d’actions (prise de parole, communauté de pratique, lutte contre le racisme, bénévolat pour aider des démunis, etc).
Deuxièmement, l’engagement a besoin d’ne action pour être incarnée. Comme le dit Wittgenstein « on ne peut penser ou exprimer quoi que ce soit sans être impliqué dans une activité ou une forme de vie quelconque. »
Pour Wittgenstein tout est engagement. Rien d’humain ne peut se penser ou se faire sans vis-à-vis, sans la société et donc sans engagement, puisque la communauté et la participation aux mêmes activités est tributaire du respect de certaines règles.
Ce qui amène le troisième point: la présence de règles. Le fait d’appartenir à une communauté donnée est lié au fait que nous obéissons à certaines règles. Celles-ci sont très souvent implicites, non dites, mais non moins existantes. Cette opération d’appliquer ou d’obéir à une règle se fait donc spontanément et naturellement.
Notre engagement se traduit par un ensemble de règles suivies et c’est ce qui nous permet de faire « comme les autres » et donc de communiquer et de nous entendre.
Il est donc important, au moment de créer un groupe ou d’en revoir la mission, de s’attarder à mettre au jour les règles communes, le langage commun, qui unit les membres du groupe.
Une règle est comme un panneau indicateur
Les règles sont souvent perçues à tord comme rebutantes et interprétées comme des « obligations contraignantes » alors qu’elle sont indispensables aux relations humaines.
Wittgenstein compare les règles humaines à celles d’un jeu. « Si l’on veut jouer aux échecs, on est contraint d’appliquer les règles qui constituent ce jeu, mais chacun le fera à sa manière, avec plus ou moins d’aptitude et d’efficacité, selon les situations et les contextes de jeu. L’application des règles est donc bien réfléchie. La règle ne me dit pas comment l’appliquer, elle ne contient pas en elle comme un germe toutes ses applications possibles dans les divers contextes. »
En résumé la règle nous laisse toute la latitude de l’appliquer à notre manière.
Responsabilité, action concertée et règles sont donc trois éléments indispensables à l’engagement.
Lire mon blogue pour comprendre le B.A. BA de l’engagement
Référence:
Engagement, règles et liberté
Mélika Ouelbani
Dans Cités 2009/2 (n° 38), pages 33 à 46
https://www.cairn.info/revue-cites-2009-2-page-33.htm#