Les grandes tendances de l’urbanisme du futur

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Source : planete-energies.com
Photo : ©MARTIN BUREAU

Selon l’ONU1, 66 % de la population mondiale, soit 6 milliards de personnes environ, vivront en zones urbaines d’ici 2050 (2 % au début du XIXe siècle, 30 % en 1950, 54 % en 2015). La croissance actuelle de la population mondiale équivaut à 100 villes de 1 million d’habitants chaque année. Le mouvement d’exode rural, qui coïncide toujours avec le développement industriel, atteint des niveaux très élevés chez les trois géants que sont l’Inde, la Chine et le Nigeria.

En 2050, une quarantaine de mégapoles dépasseraient 10 millions d’habitants, contre 28 villes de cette taille en 2015. Tokyo devrait légèrement régresser de 38 à 37 millions d’habitants d’ici 2030. Mais la capitale japonaise resterait en première position, devant New Delhi (25 millions d’habitants aujourd’hui), Shanghai (23 millions), Mexico, Bombay, Sao Paolo, Osaka et Pékin (autour de 20 millions).

Le phénomène le plus notable est la croissance des villes entre 100 000 et 500 000 habitants, en particulier dans les pays en développement. Elles rassemblent aujourd’hui plus de la moitié de la population urbaine mondiale, soit 2 milliards de personnes. En outre, dans des pays comme l’Inde, il est difficile de faire la part entre la ville et les réseaux de gros villages.

Cette grande variété de tailles et de niveaux de développement, ajoutée aux différences de politiques publiques et de comportements sociétaux, exclut qu’il y ait un seul type de ville du futur. En croisant les études2, il est cependant possible de dégager quelques tendances.

L’approche par « territoires »

Immeubles à énergie positive, éco-quartiers, métropoles « vertes » : les « territoires », à différentes échelles, prennent de plus en plus d’importance. Leur ambition est de se rapprocher des principes du développement durable. Ils aspirent en particulier à produire eux-mêmes – notamment à partir d’énergies renouvelables et à auto-consommer sur place pour chauffer l’habitat, alimenter les équipements électriques, assurer la mobilité et soutenir une industrie de proximité. Les systèmes énergétiques locaux3 deviennent plus complexes à gérer, avec une intervention accrue des citoyens et des élus, alors que depuis plus d’un siècle la distribution d’énergie se fait souvent du « haut vers le bas », à partir de systèmes de production concentrée et via des réseaux centralisés. Cette autonomie croissante ne signifie pas autarcie : les réseaux centraux restent indispensables pour assurer la solidarité entre les diverses zones. Voir le décryptage « Une nouvelle gestion des communautés énergétiques ».

66 % : la part de la population mondiale, soit 6 milliards de personnes environ, qui vivra en zones urbaines d’ici 2050.

Densification, espaces verts et fermes verticales

Après des années d’aspiration à la maison individuelle, la densification des villes est prônée par nombre d’urbanistes pour éviter un étalement au détriment des zones rurales et des espaces naturels et rapprocher lieux de travail et résidences. Dans le même temps, ils prévoient de réintroduire des végétaux sur les friches industrielles ou autour des immeubles (les « coulées vertes ») pour augmenter la capacité des zones urbaines à capter le CO2 et à réduire les îlots de chaleur urbaine. Les fermes verticales commencent même à faire leur apparition dans les villes pour alimenter les nouvelles populations et éviter le coût énergétique du transport des denrées agricoles. Voir le décryptage « L’agriculture urbaine : une nécessité en raison de la démographie ».

Les nouvelles mobilités

L’accroissement des populations urbaines pose – comme à chaque époque de l’histoire – la question de la congestion des déplacements. De la notion de « transports urbains », on est passé au concept de « mobilité », qui traduit la diversification des moyens de déplacements, la nécessité de les connecter (l’intermodalité), la variété des usages et des comportements sociaux (développement du temps libre et des loisirs).

Les moyens de déplacement se multiplient : tramways légers automatiques, téléphériques, véhicules autonomes sur des trajets fixes, réapparition des triporteurs de livraison, des vélos et des trottinettes ou hoverboards. Les usages se diversifient : l’autopartage, le covoiturage, la location en libre-service de flottes de voitures ou de vélos, le transport « à la demande » avec réservation par applications mobiles.

« La terre n’est pas plate, elle est urbaine » : c’est le titre du rapport de l’ONU sur la population mondiale en 2016 !

Le « big data » urbain

Les données numériques sont aujourd’hui partout dans la gestion urbaine. La maîtrise de l’énergie au sein des immeubles ou des éco-quartiers suppose une meilleure connaissance à la fois des flux de production et des phases de consommation. Les données collectées par des capteurs et les systèmes de géolocalisation permettent de mieux gérer les flux de circulation. Le besoin de sécurité dans les villes multiplie les enregistrements de vidéos. Les services publics et l’administration des citoyens se numérisent à tous les niveaux.

Ce « big data » impose de nouvelles régulations pour assurer à la fois des gestions efficaces et la liberté individuelle des citoyens.

 

 

Sources :

(1) Voir le rapport de l’ONU : « The Earth is not flat ; it is urban » !

(2) Voir notamment les conférences de la Cité des Sciences et des techniques, les études du CEAla « Fabrique de la cité » (VINCI)les «Clés de demain » (IBM), Connexions (VEOLIA).

(3) Ils sont appelés éco-quartiers ou « communautés énergétiques locales » en Europe, « smart communities » au Japon, « Community choice aggregations » aux États-Unis